Il est où ce bouton? vous savez comme sur une télécommande, celui qui permets de mettre en arrêt, momentanément? Le bouton “pause”.
C’est simple, cette phase qui débute immédiatement après avoir accouchée que certains appellent le 4e trimestre, n’a pas de bouton pause, pas de porte de sortie, pas d’échappatoire ! Et de nombreuses femmes vont très vite passer de maman épanouie à maman… évanouie ! Le surmenage maternel frappe sans crier gare et nous, on ne nous avait tout simplement pas prévenue !
Encore un sujet un peu tabou, comme de nombreux sujets touchant à la maternité ou au post partum.
Eh oui, parce qu’il y a un sentiment de honte et de culpabilité à oser avouer qu’on peut ne plus en pouvoir de ce rôle de parent, c’est juste in-entendable dans notre société où on ne jure que par la parentalité positive instagrammée à la perfection .. Quelle genre de mère seriez vous si vous osiez dire que vous préférez travailler plutôt que de vous occuper de votre tout petit? Alors, au lieu de l’admettre, la plupart des femmes se replient sur elles-mêmes, espèrent en secret que “ça finira par passer”, “prennent leur mal en patience” et font “bonne figure” … Alors qu’elles auraient juste bien besoin d’aide.
Le surmenage maternel, ça donne quoi ?
Les nuits hachées, les réveils en mode aléatoires, des rythmes régressifs du bébé qui changent sans prévenir, d’un réveil par nuit on passe à 4 ou 5… Une fatigue extrême s’empare des femmes. On le sait, une mère perd en moyenne 700 heures de sommeil la 1ere année ! Ça fait presque 1 mois sans dormir !
Une mère perds 700 heures de sommeil la première année
Top Santé
Et toutes ces choses qu’on s’inflige parce qu’on est pleine de bonne volonté pour nos enfants : des journées à donner notre sein dès que bébé en pic de croissance le réclame alors qu’on se ferait bien un bon ciné ou une coupe de champagne, ou les deux après tout, ou plutôt soyons honnête, on irait juste dormir 3 jours entiers. Ou encore des heures à le bercer en lui faisant des petites caresses pour qu’il s’endorme et qu’enfin posé délicatement dans son berceau sans le réveiller, on se dirige sur la pointe des pieds vers la porte en retenant son souffle, et dès la porte franchie, patatra !!! il se réveil évidemment !!! Tout ça parce qu’on enclenché la sirenne en trébuchant sur le camion de pompier offert par notre méchante belle mère (c’est sûr elle a fait exprès de nous offrir ce cadeau empoisonné !). On oublie pas toutes ces fois où sa tétine est tombée et qu’il la réclame, à tirer sur la ficelle de la berceuse pour la 53e fois d’affilée et qu’il ne dorme toujours pas, à lui masser les gencives ou le ventre parce qu’il a mal, à chanter la même chanson pour la 15000e fois chaque jour parce que ça le calme alors qu’on a juste envie de se mettre un rap qui dirait : ta race les gosses (du rap quoi!) Parce qu’on a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais, que plus rien ne sera comme avant (ben non rien!). On se sent épuisée, éreintée, usée, vidée, stressée, lasse, pas bien du tout en fait !
Bref,
On a l’impression de ne plus y arriver, d’être à bout de souffle et à bout de nerfs surtout. Plus rien ne passe, même pas le “bonjour” de celui qui était jusqu’alors notre alter ego, le papa, et la simple vision d’une nouvelle journée à affronter nous semble déjà insurmontable, l’envie de fuir très loin peut alors nous envahir. Bon ok, elle nous envahi, soyons honnête mais on reste là même si… c’est trop pour nous !
On aime nos enfants, ils sont la prunelles de nos yeux, aucun doute là dessus, mais parfois on y arrive plus, c’est accablant, accaparant, bref, les limites sont atteintes !
Eh oui les premiers mois c’est un marathon. Il faut tenir la distance, continuer quoiqu’il advienne, mesurer ses efforts… c’est un peu comme un entrainement sportif de haut niveau sauf qu’on a pas le coach qui nous crie des choses motivantes, on a plutôt un bébé qui nous crie qu’il lui faut quelque chose dans le ventre ! On a pas un coach qui nous a dit qu’il fallait s’économiser dès le départ, nous on a tout donné, on a puisé dans les réserves et on se demande comment on arrivera à tenir la distance dans ce parcours qui nous challenge chaque minute physiquement et émotionnellement.
Tout est en boucle ! Notre vie en mode repeat devient insoutenable. Mais on tient, on tient le coup, on tient bon, oui mais jusqu’à quand?
Oui mais est-ce bien cela être mère?
Tenir bon, tomber de fatigue, avoir la sensation qu’on va tomber dans les pommes tant la carence en heures de sommeil se fait plus lourde chaque jour ? Il nous reste parfois si peu d’énergie, que les gestes les plus simples dans notre journée sont une épreuve, qu’on se mets en mode robot à faire les choses mécaniquement, à ranger les couches du bébé dans le frigo (mauvais signe!) !
Et parfois, on a la mauvaise idée de passer par inadvertance devant un miroir et l’espace d’un instant on se demande qui est ce reflet pas très glorieux dans la glace !
-“Ah mais c’est moi ça?!!!???
J’ai bien peur que oui !
Non on ne se sent même plus soi-même. En même temps, après 3 régurgitations sur notre pyjama (ben oui pas le temps de s’habiller !), les cheveux en broussailles (enfin ce qu’il nous reste de notre chevelure de rêve qui a duré 9 mois, (hormones hormones !)), une allure débraillée à souhait, un parfum de vomis et 15 kilos à perdre, des cernes jusqu’aux oreilles ça n’aide pas à se sentir soi-même, en tout cas pas femme fatale, parfois pas femme tout court…. juste mère, et mauvaise en plus ! (d’après ce que nous dit notre belle mère en tout cas !)
On ne se reconnait plus, on se dévalue, sans parler de notre entourage qui lui non plus ne nous reconnait plus, à commencer par le père qui se sent la plupart du temps un peu abandonné sauf à être le punching ball dans les disputes incessantes .
On est crevée, “à ramasser à la petite cuillère” et la communication avec le monde qui nous entoure devient compliquée tant nos nerfs sont à vifs. Etre agressive devient une seconde nature, les crises de pleurs sont plus nombreuses que notre possibilité de prendre une douche, et on va dire que les sautes d’humeurs sont un euphémisme à ce stade.
On ne maîtrise plus rien en fait !
Et le pire c’est quand on commence à franchir un certain cap dangereux, celui de petit à petit se détourner de ce qui nous entoure. On est lasse et on se détache peu à peu du monde. Les choses deviennent moins importantes, on écoute plus tellement, on ne regarde plus vraiment, rien ne nous intéresse plus … sauf ce temps libre qui nous manque cruellement.
C’est pas évident, pour ne pas dire cauchemardesque, (non, on oserait pas) ! sauf que quand ça dure trop ces moments dont on ne parle pas c’est là que ça devient compliqué.
Et quand on nous croise, la question d’usage est toujours lancée : “salut tu vas bien, tu dois être aux anges ?” nous on aurait juste envie de répondre : “non ça ne va pas, ça ne va pas du tout, j’ai besoin d’aide”.
Parce que la vérité, c’est que dans ce triathlon de la maternité, il n’y a pas un moment où on s’est sentie vraiment sereine, reposée, calme… et pas toujours comprise et soutenue car rappelons le, le père n’a le droit qu’à 2 semaines de congé paternité !
1 femme sur 5 sera atteinte de dépression post partum
parents.fr
Alors oui cette période est riche en apprentissage, somnoler quelques heures par nuit pendant des mois, vous ne le saviez peut être pas, moi non plus, mais on n’en meurt pas ! Alors clairement ça ressemble à une torture utilisée pendant la guerre, mais si comme moi vous en doutiez, c’est possible sur plusieurs jours, semaines, mois, années …. !?
Bref, il faut comprendre que lorsque le quotidien devient infernal entre les tâches ménagères qui n’en finissent pas, le lave-linge qui déborde, le (ou les) bébé et ses pleurs parfois inexpliqués à gérer, appeler en même temps la sécurité sociale qui nous annonce une attente de 9 minutes à 15 centimes d’euro par minute, les repas à faire en même temps …. et que bizarrement vous n’avez plus de patience et que vous pouvez avoir peur de vos propres réactions.. Que le simple fait d’entendre les pleurs de votre bébé devient une agression, quand vos besoins primaires ne sont plus satisfaits, …quand on se surprends à chanter l’air absente, “libérée délivrée des le matin” ! Ce n’est pas normal, ça ne devrait pas être comme ça, pour autant c’est ce que vivent la plupart des femmes à la sortie de la maternité, en silence … en culpabilisant de ne pas être juste pleinement heureuse et épanouie comme elles devraient l’être.
Bien sûr les mamans savent qu’un seul sourire, un rire de notre bébé et on oublie tout le reste, notre journée s’eclaire dans toutes les couleurs de l’arc en ciel et notre coeur fait des bonds “to the moon and back” parce que la maternité c’est avant tout cela, de l’amour, de la joie un bonheur à l’état pur à nul autre pareil !
Mais quand la balance penche drastiquement du côté obscur de la force et que vous avez l’impression de vous reincarner en Dark Vador, ce n’est pas normal (surtout cette histoire de Dark Vador …) et c’est surtout, surtout l’indice que vous avez définitivement besoin d’aide, car avec de l’aide (bien méritée), vous seriez juste la plus heureuse de toutes les mamans, non?
Il est clairement temps de créer ce bouton pause pour toutes les mamans.
Cet article est fait pour qu’on reconnaisse enfin ce full time job de maman si peu reconnu dans notre société Française, quand d’autres pays sont bien plus conscients et munis de solutions (pays scandinaves entre autres… ) , pour qu’on reconnaisse enfin ce mal être occulté qu’on appel simplement “chute d’hormones” alors qu’il peut être bien plus profond.
Il fait référence à cette transition fragile et anxiogène qui laisse des mères fatiguées et éreintées dans des états de doutes et de dépressions…
Ces post partum et post accouchement où on leur octroie si peu d’aide, si bien qu’elles souffrent de cette forme d’isolement, et n’osent pas parler de leur mal être. Beaucoup pourraient ne pas se reconnaître dans cet article et c’est aussi normal que de se reconnaître dans ces mots. Bien sûr, cela n’enlève en rien l’amour que ces mères portent à leurs bébés, ni au fait d’apprécier la maternité. Cet article se veut décomplexant afin de soulager celles qui vivent ce 4e trimestre de grossesse murée dans un silence lourd de peur d’être incomprises, alors qu’elles ont besoin d’exprimer leurs souffrances et leurs culpabilités. Etant mère moi-même, je sais le bonheur que procure une naissance, mais aussi la fatigue que peut engendrer la mise au monde d’un enfant de la conception aux mois qui suivent l’accouchement.
Je désire créer un espace de parole pour toutes ces femmes qui vivent cette situation partiellement ou totalement et leur offrir la possibilité d’être entendues sans jugements en consultations.